Et si l'art était un puissant vecteur de prise de conscience écologique ? A côté des livres, des interviews et des documentaires, et si les peintures, sculptures, romans, nouvelles et chansons avaient leur rôle à jouer pour un éveil des consciences ? C'est le pari que nous faisons en cette fin d'été, en vous partageant chaque semaine une oeuvre de Marc Touret accompagnées de courts textes écrits par l'artiste.

A mi-chemin entre entre le conte, la poésie et la philosophie, ses oeuvres et les écrits qui les accompagnent éclairent sous un angle neuf et accessible à tous, enfants compris, plusieurs des enjeux de la transition écologique que Colibris explore depuis plusieurs années et qui transparaissent dans le catalogue des formations de l'Université des colibris. 

Une sélection d'oeuvres de Marc Touret est exposée jusqu' au 1er septembre dans deux lieux à Chartres, puis il sera l'invité d'honneur du Salon de Croissy du 28 septembre au 13 octobre. A partager sans modération !

 

LA DERNIÈRE POMME (2014)

 

 

Papier croûté, 245 x 120 x 110 cm

Au pays du « grand-père Pomme » l’Alma Ata, on a retrouvé le Paradis des origines : une forêt de millions de pommiers vieille de millions d’années dont les arbres se dressent parfois à plus de 30 mètres de haut et poussent leur généreux embonpoint à deux mètres de diamètre. Depuis toujours ils donnent des pommes sauvages inconnues chez nous, grosses comme des melons, parfois, juteuses, sucrées, sans traitement, sans pesticides, sans engrais, et sans ...les hommes.

Ce sont les ours qui, choisissant les plus goûteuses, les plus jolies, les plus désirables, rejetant les pépins dans la nature, ont, au cours des siècles, sélectionné ces pommes de paradis, insensibles aux maladies.

Mais depuis quelques décennies les hommes ont fait les hommes: rasant, creusant, exploitant la terre, ils ont finalement détruit 70% de cette forêt originelle.  La première pomme leur avait pourtant donné la connaissance, qu’en ont-ils fait ? Auraient-ils perdu la tête ?

Sous l’arbre qui meure déjà, Adam et Eve cueilleront-ils la dernière pomme ?

BIOGRAPHIE

Marc touret est né à Mantes-la jolie en 1944. Après des études secondaires au petit séminaire de versailles, il quitte le chemin des chapelles pour celui de la faculté de Nanterre où il obtient sa licence d'enseignement du Français. Il sera donc professeur, tendance Summerhill, pendant 10 ans. En 1977, il abandonne l'enseignement et s'engage dans la mouvance de l'Artisanat d'Art qui le mènera finalement à la sculpture. En 1973, dans l'esprit d'écologie du mouvement de soixante-huit, toute la famille déménage à la campagne, près de Giverny. Il installe son atelier à Limetz-Villez. Depuis lors, il n'a cessé de chercher à adapter ses techniques et ses matières aux  nécessités de son imaginaire fécond.

L'ESPRIT DU PAPIER

Les sculptures présentées ici sont réalisées en pâte à papier de journaux recyclés, modelée sur un mannequin de grillage. 

On obtient ainsi un bel aspect de croûte fendillée de terre blanche et grise, d'une surprenante solidité et d'une grande légèreté.

La "peau" obtenue confère à la sculpture une étonnante vibration de surface, propre à faire naître l'impression d'une étrange vitalité montant du coeur profond de l'oeuvre, comme une terre séchée témoigne du jeu des forces naturelles que sont le vent, le soleil et l'eau, au travail pour donner la vie. Donner la vie mais aussi la retirer.

Que reste-t-il, alors ? La trace. Inscrite dans une pâte à papier de journaux qui portent le signe, l'écriture, le trait ou la photo, ici pourtant broyés. 

Mais l'oeuvre les ressuscite cependant dans une "forme" qui transmute le bruit du monde en un cri silencieux, métamorphosant la chrysalide en imago. 

Ainsi se déroule la geste inquiète de l'âme, proclamant sa conscience du rien et du tout, déclamant le big-bang du "génie" humain, puissant comme un mot, fragile comme un souffle.

Le souffle de l'humanité.

Publié le 28.08.2019